Pratiquer le doute pour mieux explorer la vérité!
17 07 2008
Le 13 juin dernier au matin, au 32ème étage de mon hôtel à Shiodomé, Tokyo, la terre tremble. Les rideaux et la porte de la salle de bain de ma chambre commencent à balancer tel le pendule d’une vieille horloge. Peu habitué à ce genre de spectacle et, un peu affolé, je quitte ma chambre sans savoir ce qu’il faut faire. Dans les couloirs, des Italiennes hurlent de terreur, sous le regard impassible, presque amusé des personnels de l’hôtel.
Je ne sais pas si cette attitude sereine des Japonais relève d’une confiance absolue dans les technologies de leurs constructions considérées comme inébranlables ou d’un défaitisme face à la fatalité sismique à laquelle est soumis leur pays.
Depuis presque deux décennies que je fréquente régulièrement le Japon, mon étonnement et mon admiration restent intacts. Intacte mon admiration pour la patience et le calme à toute épreuve de mes interlocuteurs qui contrastent avec notre culture éreintante des objectifs et des résultats à court terme ; Intacte mon émotion devant le sens naturel de la courtoisie de ce peuple et de son sens de servir les étrangers, dans la vie comme dans le contexte professionnel ; Intact mon étonnement pour le sens élevé de la discipline et du civisme.
Comment ce pays a-t-il pu garder ces valeurs humaines alors même que les technologies et le consumérisme triomphants, sous nos cieux, ont détruit ces mêmes valeurs ? Au Japon, l’humanisme et le savoir-vivre semblent résister aux pressions des temps modernes.
Cher Claude,
Je vous adresse un mail que vous ne lirez pas. Ce sera ma revanche pour tous les mails que vous m’aviez envoyés et que je n’ai jamais reçus, tellement vous vous acharniez à insérer un « h » inopportun à mon nom… Jusqu’à dernièrement, un de vos amis à qui vous aviez communiqué mon adresse mail, se désolait de ne pas recevoir de réponse. Et pour cause…
Bref, vous voilà parti sans dire au revoir, sans avoir retenu la juste orthographe de mon nom, certes, peu parisien.
Je garde, Cher Claude, le souvenir de l’homme que vous avez été, élégant, courtois et prêt à servir en toute circonstance. Le Limousin, dont vous revendiquiez, fièrement mais à mon sens un peu abusivement, l’origine, vous regrettera. D’accord, un de vos arrières grands parents était le cousin de la mère d’une vieille tante qui avait une cahute en Creuse… Bon Claude, c’est un peu juste mais nous en Limousin, on prenait çà comptant et ça nous faisait plaisir.
Vous nous manquerez. Vous nous manquez déjà.
Vous étiez un militant de la prospérité du commerce extérieur de la France. Vous abandonnez aujourd’hui, au plus mauvais moment, la barque, alors qu’elle penche méchamment du mauvais côté.
Je revois ces images de notre aventure moyen-orientale pour laquelle vous avez été notre guide et éclaireur. Mes Présidents successifs vous ont toujours voué une grande et indéfectible estime.
Je me souviens de ce challenge que nous avions pris pour organiser à …Limoges, alors reliée à Paris par « un chemin départemental », un forum traitant de la mondialisation auquel nous avions réussi le coup de maître de faire venir les sommités de la question, françaises et internationales.
Je me souviens de ces missions nombreuses où nous avions conduit des entrepreneurs gaulois, sous votre protection, découvrir ces marchés compliqués de l’Orient ;
Je me souviens de vos complicités avec vos amis de Dubaï, Sheikh Ahmed notamment, qui vous ont confié la direction de leur premier bureau de représentation à Paris à un moment où les ambitions de ce jeune Emirat étaient traitées par le mépris. Quand on voit le chemin parcouru…
Vous manquerez à tous vos amis, nombreux dans la zone. Je pense à tous vos confrères CCEF en France et à l’étranger.
Je me souviens surtout de l’homme, qui savait se rendre indispensable, romancier par temps perdu, chroniqueur des affaires du monde, jouisseur de la vie, amoureux de la tranche de foie-gras–pain-grillé-whisky au Cercle France-Amérique.
Votre ombre était encore présente lors de la dernière mission de veille stratégique à Dubaï en décembre dernier et à laquelle vous n’aviez pu être présent.
Je sais que, parti, vous allez continuer d’agiter nos consciences d’exportateurs
«Dubaï, l’État bling-bling des Émirats Arabes Unis, ses îles artificielles, ses hôtels de luxe et ses tours de 160 étages, reviennent à l’état de sable… » c’est, à l’instar du déchainement généralisé de la presse française, la présentation faite ce matin par le très (sérieux ?) journal de France inter de 7h30. Info ou intox ? Mais de quoi s’agit-il réellement ? Premier non-sens, c’est de parler de la « faillite » de Dubaï, une des composantes d’une fédération qui compte sept émirats dont le richissime Abu Dhabi, capitale et siège du gouvernement fédéral. Comme si on pouvait parler de faillite du Texas au États-Unis, de la Bavière en Allemagne ou de Rhône-Alpes en France. Comme si on pouvait comparer les difficultés de Dubaï avec la faillite, qui n’en est pas une d’ailleurs, de l’Islande en 2008 avec ses 100 milliards de dette et un PIB de seulement 14 ou de l’Argentine en 2001. Ces pays n’ont pas pour autant disparu et leur avenir, n’est pas dans l'absolu compromis. Deuxième non-sens, c’est de considérer les 85 milliards de dette de l’Emirat comme un abyme qui ferait sombrer Dubaï, l’économie de la région et la finance internationale. Que représente réellement cette dette ? 70 % du PIB de l’Emirat quand, pour comparaison, la dette du Japon frôle les 170% de son PIB ou celle d’Israël les 150% ou encore celle de la France qui ne tardera pas à approcher les 100%! Avec 0,2% de la dette mondiale, Dubaï ne tombera pas et ne fera pas tomber l’économie mondiale. Les risques sont autrement plus graves du côté des pays de l’Est, de l’Espagne, de l’Irlande ou de la Grèce dans l’Union européenne. Il faut savoir ramener les choses à leur juste échelle. Troisième non-sens, Ce n’est pas Dubaï, mais une holding, certes d’État, Dubaï World dont une filiale immobilière, Nakheel, le promoteur, notamment des célèbres îles artificielles Palm Island et The World qui se trouve plombée par la poussée spéculative considérable de ces dernières années. En effet, c’est Nakheel qui se trouve aujourd’hui en difficulté d’honorer ses échéances de remboursement de 6,5 milliards de dollars à fin décembre 2009. La décision d’un moratoire à 6 mois, a été prise à l’issue d’arbitrages plus politiques que budgétaires très serrés, fruit d’un audit de restructuration qui dure depuis le début de l’année. L’Émirat aurait en effet la possibilité de demander à son richissime parrain, Abu Dhabi, qui aurait accepté, d’éponger la dette. Mais c’est méconnaître la fierté des Al Maktoom et des Dubaiotes qui n’accepteraient jamais, la «tutelle » de leurs richissimes frères, mais néanmoins rivaux, les Al Nahyan. Dans le quotidien local Al Bayane, un éditorialiste indiquait hier qu’il « suffirait à l’Emirat d’Abu Dhabi de réduire sa production pétrolière de 10% pendant deux semaines, pour provoquer une hausse immédiate du baril à 90 USD qui épongerait la dette en un mois de production… » Quatrième non-sens : c’est réduire l’économie de Dubaï au seul marché de la construction. Certes, l’immobilier a été le moteur d’une croissance fulgurante moyenne de 16% ces cinq dernières années, mais le business model de Dubaï repose sur d’autres leviers beaucoup plus solides et plus pérennes. Dubaï en tant que plateforme de commerce international reste dynamique avec une croissance de, (seulement) 2% en 2008 ; le port de Jebel Ali continue de drainer près de 20% du trafic mondial de conteneurs, la compagnie aérienne Emirates poursuit son expansion et affiche des résultats financiers quasi ostentatoires alors que les majors internationales menacent de tomber; l’aéroport de Dubaï verra encore son trafic progresser en 2009 après une augmentation de 9% en 2008 au moment où le trafic international est décrété en crise; les hôtels de luxe continuent d’afficher complet comme le mythique Burj Al Arab, dont le carnet de réservation serait quasiment plein sur un an ; l’activité commerciale des grands malls, même ralentie, enregistrera cette année une progression de 3% et le flot de touristes, même limité cette année, connaitra une progression de 1,5%. Certes, Dubaï flambera moins et c’est nécessaire pour cet Emirat. Son business model repose désormais sur des leviers solides et la crise de l’immobilier qui le secoue aujourd’hui, n’est qu’un juste et salutaire retour au bon sens. Il fallait bien que la spéculation effrénée s’arrête. Ces dernières années, il suffisait à des spéculateurs, avec une poignée de dollars, de concevoir sur le papier un projet fou, le matérialiser sur une alléchante maquette et, avec une communication agressive, le vendre et empocher des milliards avant que le projet ne voit le jour. Crise financière mondiale ou pas, le jeune Emirat devait revenir à la raison. Il connait aujourd’hui sa crise de croissance. La convalescence sera plus ou moins longue. Elle dépendra de la réaction de ses dirigeants, qui ne manquent pas de perspicacité, et de la santé de l’économie mondiale à laquelle Dubaï est maintenant arrimée. Les spécialistes les plus avisés affirment que la défaillance de Dubai face au moratoire est improbable, car la solidarité régionale, au pire, fera jouer à plein ses gigantesques fonds souverains.
150 ans de pétrole
25 08 2008
En 2009, le monde va célébrer le 150ème anniversaire d’une découverte fabuleuse. Celle du pétrole. En effet, le 29 août 1859, dans une contrée perdue du nord de la Pennsylvanie, jaillissait le premier puit pétrolier du monde. Depuis cette découverte, opérée par un sombre aventurier, Edwin Brake, qui va finir sa vie dans la misère, une formidable épopée va jalonner l’histoire de cette matière première. Elle va façonner l’évolution industrielle mondiale, impacter les enjeux géostratégiques, susciter des tensions et des guerres que le monde continue de vivre encore de nos jours.
Ressource abondante et bon marché jusqu’à la fin des années 90, le pétrole a assouvi la soif planétaire en hydrocarbures. Les pays industrialisés vont s’enivrer à bon compte sur le dos de pays producteurs restés à l’état de comptoirs coloniaux dominés par de puissantes compagnies pétrolières étroitement liées aux pouvoirs politiques des grandes puissances.
Que révèlent les soubresauts actuels autour de cette matière première qui semble devenir de plus en plus rare ? Que signifient les hausses incessantes de ces derniers mois ? Y-a-t- il réellement raréfaction de l’offre alors que la matière est partout disponible y compris pour alimenter des réflexes de stockage préventif ?
Après plus d’un siècle d’exploitation effrénée des entrailles de la terre pour extraire cet élixir, avec une montée exponentielle de la consommation mondiale, l’ère du pétrole abondant pourrait bien entamer sa fin. Le rythme de découvertes nouvelles est, depuis plusieurs années déjà, inférieur à celui des fermetures de puits épuisés. Cette donne, objective à la base, alimente et accentue, à l’évidence, les spéculations.
Après nous avoir conditionnés à cette matière, de laquelle nous puisons notre énergie et nombre de produits courants de notre vie quotidienne que ce soit dans l’habitat, la pharmacie, la cosmétique, les transports, l’habillement… etc. le sevrage sera rude !
Union pour quelle Méditerranée ?
14 07 2008
Grandiose l’idée, émouvante la cérémonie, énorme le succès diplomatique, formidable le challenge, talentueux le Président Sarkozy... Bravo l'artiste!
A entendre Abbas et Olmert et, malgré les meurtres quotidiens en Palestine, la paix est à l'œuvre. L’Algérien Bouteflika, main sur le cœur, jure n'œuvrer que pour l’Union, alors même qu’il maintient absurdement sa frontière fermée avec le Maroc. La Turquie volontaire, bien que l’UPM se ferait au détriment de son adhésion à l’Union européenne. Angela Merkel enthousiaste, malgré son fort agacement par l’initiative du Président Français.
Engagement sincère ou jeu de dupes ?
Des croisades à la seconde guerre mondiale, l’histoire de la Méditerranée est, encore de nos jours, faite d’horreurs et de tensions. Mer de sang, la Méditerranée est aussi terre des miracles. On voudrait tellement y croire.
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